John Musker et Ron Clements - 2009

Dans la Nouvelle-Orléans des années 20, la jeune Tiana rêve, non du grand amour, mais de réaliser le rêve de son défunt père : racheter un vieux moulin sur le Mississippi afin d'en faire un restaurant. Pour cela elle travaille d'arrache-pied et économise sous par sous.

Le prince Naveen est l'exact opposé de notre héroïne : fils gâté d'un monarque étranger, il arrive dans la ville pour se livrer à ce qu'il fait de mieux : la fête. Le Docteur Facilier, quant à lui, est un sorcier vaudou dont l'ambition est de supplanter "Big Daddy" LaBeouf, riche philanthrope dont il jalouse la fortune et la position sociale.

La rencontre de Naveen et Facilier va permettre à ce dernier de mettre au point son sinistre plan, et notre prince dilettante va se trouver transformé en grenouille dans l'affaire. Il va entrainer Tiana dans une aventure rocambolesque qui les conduira tout deux au fond du bayou, à la recherche de Mama Odie, prêtresse de la magie blanche, seule capable de briser le sort qui a changé la vie de nos deux héros...

La Princesse et la grenouille est la modernisation d'un conte ancestral. Avoir situé l'action dans le Sud des États-Unis des années 20 donne une dimension sociale au film, le rendant sans doute hermétique pour les jeunes enfants.

Cette oeuvre est en effet l'une des rares de la firme Disney a aborder des thèmes aussi "adultes" que la discrimination: ainsi, dans la très jolie séquence pré-générique, lorsque Tiana enfant rentre chez elle avec sa mère, le tramway qui les emporte quitte les hauteurs de la ville où réside "Big Daddy" et passe par le quartier ouvrier avant de les conduire à leur destination, le ghetto noir.

Autre thème adulte : la mort. Ainsi, Facilier est un personnage proche du Prince des Ténèbres de Taram et le chaudron magique : il utilise les morts et la magie pour arriver à ses fins, ayant pour cela vendu son âme. Cet aspect macabre est là aussi assez difficilement compréhensible pour un enfant.

Les personnages sont dans l'ensemble bien campés et attachants : Naveen va évoluer, devenir plus à l'écoute des autres, alors que Tiana va apprendre à "lâcher prise", à ne pas se focaliser uniquement sur son objectif. Parmi les seconds rôles Ray, une luciole cajun dont le destin vous arrache des larmes, Mama Odie la sorcière du bayou qui parait complètement loufoque mais qui va donner un précieux indice à nos deux héros pour les aider à retrouver leur forme première. À noter qu'elle est doublée en vf par Liane Foly.

Autre personnage intéressant, Charlotte, la fille unique et gâtée de "Big Daddy" dont le caractère autant que sa position sociale l'opposent à son amie Tiana : femme-enfant dont la chambre regorge de peluches, elle est capricieuse et légèrement égoïste, tout en se permettant parfois des dérapages verbaux absolument hilarants.

Une mention spéciale aux trois frangins braconniers qui semblent avoir un sérieux problème de génétique. Le seul personnage qui m'a déçu dans ce film est l'alligator Louis, un musicien incompris qui rêve d'intégrer un "jazz band". Ses interventions sont lourdaudes et n'apportent pas grand chose à l'intrigue.

La Princesse et la grenouille est donc l'un des films les plus "adultes" de Disney. Pour la petite histoire, il fût réalisé en 2D et ses auteurs John Musker et Ron Clements, ont  à leur actif La Petite sirène (89) et Aladdin (92).