Souvent, l'arbre cache la forêt...

Au Japon, pays de l'image par tradition et culture, le manga est un produit de consommation courante, qui est diffusé très différement des BD occidentales :

Ainsi, la plus grande majorité des manga sont d'abord prépubliés dans des magazines hébdomadaires ou mensuels, à la manière des feuilletons. Plusieurs mangakas se partagent les pages, et sont tenus de donner ainsi à chaque édition du magazine un certain nombre de planches. Des fiches sont incluses à l'interieur de ces revues, permettant aux lecteurs de choisir les histoires qu'ils préfèrent. Seuls les manga les plus populaires deviennent ainsi des "réguliers" des magazines, et ont la chance d'être par la suite édités en volumes reliés.

Car le plus étonnant dans tout cela, c'est que ces magazines de prépublications, conçus dans du papier recyclés de mauvaise qualité, sont destinés à...la poubelle ! Il n'est par rare qu'un ado achète son mensuel préféré à la librairie, le lise lors de son trajet en train vers son collège, et le jette ensuite dans un de ces collecteurs installés spécialement pour cela à la sortie de la gare !

Il existe plusieurs types de manga, selon les âges et le sexe des lecteurs :  

Le shojo manga, destiné aux jeunes filles. Souvent des histoires d'amour, bien sûr, mais également des incursions dans le fantastique, voire parfois l'horreur. Les plus célèbres en France sont CANDY, SAILOR MOON ou LADY OSCAR.

Le shonen manga, pour les garçons. De la baston, des quêtes initiatiques, ou un arrière plan sportif, les plus connus sous nos latitudes sont DRAGON BALL ou LES CHEVALIERS DU ZODIAQUE.

Le seinen manga, lui, est lu par les adultes (souvent masculins). Des histoires plus élaborées, avec des personnages aux psychologies plus complexes, au dessin plus réaliste ; ce sont souvent des oeuvres de politique-fiction comme IKIGAMI ou des thrillers comme MONSTER.

Le joseï manga s'adresse quant à lui aux jeunes femmes actives (les "office lady"). Contant des histoires d'amour souvent sur le mode comique, c'est un peu l'équivalent des "chicklit" : l'héroïne est ainsi une jeune femme qui se démène pour trouver un homme à son goût. KIMI WA PET en est un exemple.

Le hecchi manga est tout simplement le manga porno.

Il existe également le shonen aï, qui traite de relations amoureuses homosexuelles masculines, le yaoi, qui est la variante "hard" du précédent, et le yuri manga, l'équivalent du shonen aï en version féminine.

Tous ces genres sont actuellement présents en France, mais lorsqu'on sait que le Japon produit également des manga pour apprendre à jouer aux echecs, faire la cuisine et même qui enseignent aux jeunes mamans la façon de s'occuper d'un bébé, on se rend compte que l'édition dans notre pays ne traite que de la partie visible de l'iceberg.

Il est évident que dans toute la production manga, il y a à prendre et à laisser ; il existe aussi des manga qui ne passent pas par le circuit traditionnel, qui sont édités soit à compte d'auteurs, soit par de petits éditeurs indépendants. Ces manga sont souvent avant-gardistes, et certains d'entre eux sont sortis en France, sans évidement rencontrer beaucoup de succès. Mais cela n'est pas le but de leurs auteurs et éditeurs, qui ne visent que la démarche artistique. Je ne me suis personnellement pas (encore) penchée sur cette production, sans doute à tort, mais certaines de ses oeuvres sont du domaine de "l'uro-guro" l'érotique-grotesque, et je dois avouer que cette dénomination à tendance à me laisser dubitative.

Illustrations : 

Couverture du magazine "Nakayoshi", qui prépublie des shojo manga : couleurs flashies, coeurs, fleurs...le ton est donné ! 

UTENA, FILLETTE REVOLUTIONNAIRE, shojo flirtant avec le fantastique...et le yuri.

VAGABOND, seinen manga prenant place dans une période troublée du Japon médiéval.

KIMI WA PET : joseï où une jeune femme décide de s'offrir un...homme comme animal de compagnie.