Plagiat ?

Lorsqu'en 1994, les studios Disney sortent en salle leur 43ème long-métrage d'animation, LE ROI LION, ils annoncent qu'il s'agit de leur première histoire "entièrement originale, non adaptée d'un conte ou d'un livre pour enfants"...seulement voilà, dès les premières semaines d'exploitation, une rumeur   court : le film serait en fait le plagiat d'un manga d'Osamu Tezuka, LE ROI LEO. Très vite les esprits s'échauffent du côté japonais, et une pétition signée par 1 100 fans, artistes et mangakas parvient au studio aux grandes oreilles...

Faisons d'abord un petit historique : le manga, crée par Tezuka en 1950, est une "oeuvre de jeunesse" de ce génial auteur, qui lui-même en fera une adaptation animée sous forme d'une série TV en 1965, créée par son propre studio d'animation Une autre série sera produite en 1967 par le même studio. C'est cette seconde série qui sera exportée aux U.S.A. sous le nom de KIMBA THE WHITE LION, et en France sous le titre LE ROI LEO.

Donc, 27 ans plus tard, les studios Disney mettent en chantier un récit se déroulant en Afrique, et fortement influencé (officiellement) par le HAMLET de Shakespeare (1603). Mais bien entendu, il y a des détails troublants : par exemple, le promontoire d'où Mufasa puis son fils observent le Territoire des lions ressemble beaucoup à celui sur lequel monte Léo dans le générique du DA Japonais. Le nom des deux héros, en anglais, est très proche : dans la traduction américaine, c'est Kimba, dans le film Disney Simba ("Lion" en langue Swaïlli). Lorsque Simba voit le visage de son père se former dans les nuages, cela rappelle fortement la toute dernière image du manga original...

Certains personnages secondaires sont très proches, ainsi, dans LE ROI LEO, notre félin à pour conseiller un vieux mandrile. Dans LE ROI LION, le rôle est tenu également par un mandrille. Le chambellan du Roi Lion est un calao nomé Zazu. Dans l'oeuvre nippone, un perroquet bavard et gaffeur, Koko, intervient souvent auprès de Kimba. De même Scar, l'oncle maléfique de Simba, a pour sosie nippon un lion borgne (mais celui-ci n'apparaît pas dans l'ensemble de la série).

On ne peut toutefois pas dire que LE ROI LION soit vraiment un plagiat de l'oeuvre de Tezuka, pour deux raisons bien simples : d'abord, dans LE ROI LEO, les humains interviennent, et ont même un rôle crucial dans l'histoire. Alors que LE ROI LION se déroule dans une Afrique vierge de toute présence humaine, une sorte de Paradis terrestre qui rappelle l'univers des contes africains où les animaux, à l'instar des héros de La Fontaine, représentent les humains.

Ensuite, le héros du ROI LEO est un lion blanc, symbolisant le caractère à la fois "royal" et "surnaturel" de l'animal (qui est de surcroit doué de parole et peut converser avec les hommes...).

Donc, pour résumer, on peut dire que les réalisateurs du ROI LION version Disney se sont inspiré de Tezuka au lieu de se livrer à un décalquage en règle. Il est à noter que le mangaka (décédé au moment de la sortie du film américain) était un grand admirateur des oeuvres de Disney, et que certains prétendent qu'il aurait vu comme un honneur le fait d'être ainsi "mis à contribution"...D'ailleurs, une rumeur prétendait que les studios Disney avaient signé en secret un accord avec les ayant-droits du mangaka avant la sortie de leur film, stipulant qu'ils renonçaient à toute poursuite judiciaire. Un démenti formel fut fait par le directeurs des studios Tezuka, propriétaires de l'oeuvre du maître.

Pour finir, la firme Disney fît officiellement en 2001 des excuses à propos de ses "emprunts", et entre temps, un film du ROI LEO fût réalisé en 1997 par Yoshio Takeuchi, basé sur le manga original, et considéré par beaucoup comme une "réponse" au film américain. Ce film sorti sur nos écrans  en 2005.

Voilà ce qu'il en est de la polémique LE ROI LION vs LE ROI LEO. De toute façon, on peut dire que la firme Disney, depuis sa création par Walt, s'est servi à plusieurs reprises dans le patrimoine culturel mondial pour donner vie à ses oeuvres. Que ce soit légitime ou non, le principal est que cette société toute-puissante puisse se faire modeste en admettant que son fond de commerce est constitué en grande partie des oeuvres des autres...